Allouant des vitesses maximales d'environ 200 km/h dans ses parties droites, la piste n'exigeait de la 954 qu'une poignée de changements de rapports par tour. Même qu'il était possible de se servir de la souplesse à mi-régime et de simplement la laisser en troisième sur le tour entier, et ce, sans vraiment tourner moins vite. Mais j'ai préféré utiliser le deuxième rapport en sortant des virages, juste pour le plaisir d'envoyer l'avant en l'air quelques fois par tour, à quelque 160 km/h... En ce qui concerne la stabilité, comme la surface de la piste était essentiellement parfaite, il était possible d'utiliser tous les régimes disponibles sans risquer de gâter les choses. Mais là encore, on sentait l'avant valser légèrement.
Tant que les deux roues restent par terre, la 954 est un outil de précision formidable : son châssis renvoie une impression de rigidité très perceptible, et sa précision, autant en entrée de courbe qu'en plein virage, rivalise littéralement avec celle de la F4i qui était également disponible ce jour-là, ce qui n'est pas peu dire. Comme c'était le cas sur la 929, les freinages sont superbes et ne perdent jamais de leur efficacité, même en utilisation intense.
L'injection de la 954 est digne de mention puisqu'elle est pratiquement sans-fautes. Même ce millimètre de jeu qui représente la transition entre la fermeture et l'ouverture des gaz et qui semble particulièrement difficile à gérer par un système d'injection, n'a causé aucun problème. En fait, la seule situation où il est possible de prendre le système en faute, c'est lorsqu'on ouvre complètement et soudainement les gaz à très bas régime, par exemple, dès 1500 tr/min, sur tous les rapports sauf le premier. Suit alors un cafouillage de l'injection et une très lente montée en régime jusqu'à 3000 tr/min, où tout rentre subitement dans l'ordre.
En toute franchise, toutefois, il s'agit d'une situation qu'on ne rencontre essentiellement jamais en pilotage normal. Enfin, il doit être mentionné que la transmission de la 954 a offert une douceur de fonctionnement et un degré de précision que je ne me souviens pas avoir expérimentés sur la 929. En fait, cette transmission pourrait même être qualifiée de l'une des meilleures de l'univers sportif.
Une machine pour amateur averti
La CBR954RR est une machine formidable qui s'adresse à une clientèle élitiste de pilotes avertis, ou alors à des gens disposant d'un sens très développé de la retenue. Si elle n'est probablement pas plus rapide que la démente GSX-R1000 en ligne droite, elle reste clairement l'une des motos les plus performantes du marché sportif, et certainement l'une des plus radicales. Quant à l'avantage qu'avait la 929 sur la concurrence au chapitre de l'agilité, il est bel et bien conservé. Elle semble donc vouloir continuer là où la 929 a laissé seulement deux ans après sa présentation, mais cette fois avec un degré d'agressivité renouvelé, et ce, tant au chapitre de son apparence que de son comportement.
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