Nous l’avions essayée et aimée sur la route, à part une suspension et une selle un peu trop fermes, le bilan fut très positif. Maintenant, allons voir si elle passe le test sur la piste. Rendez-vous à l’école de pilotage ASM Motosport à St-Eustache pour le savoir.
La
Tuono V4 R APRC est une superbike
RSV4 R APRC déshabillée dont on a modifié l’angle de direction (plus ouvert), allongé l’empattement de 20 millimètres, adapté le moteur et sa cartographie pour un usage routier, raccourci les 3 premiers rapports de la boîte de vitesse et ajouté un balancier au moteur. Résultat? Une des sportives standard les plus radicales de la production actuelle.
Un moteur qui crache tout de même 167 chevaux à 11 500 tr/min et beaucoup de couple, à bord d’une partie cycle qui ne pèse que 181 kg à sec, soit 212 kg tous pleins faits. Le tout, sous la surveillance d’une électronique proche de la RSV4 R APRC.
Côté style, la Tuono V4 R APRC provoque, elle paraît agressive et dressée pour l’attaque. Le mini carénage qui émule une partie de celui de la RSV4 lui donne un air bizarre, même si on s’y fait à la longue. Une tête de fourche plus simple composée d’un gros phare moderne et un petit saute-vent teinté auraient sûrement rehaussé son style « street fighter », mais seraient moins protecteurs contre les éléments.
Ergonomie radicale conçue pour le sport
Assez haute avec sa selle perchée à 840 millimètres, la Tuono offre une ergonomie prête pour l’attaque avec des repose-pieds hauts et un guidon quasi droit. On se trouve plus en appui sur les bras que sur la plupart des concurrentes japonaises (
Kawasaki Z 1000 et Honda CB 1000R) et presque autant que sur la
Ducati Streetfighter.
En piste, le pilote fait corps avec la moto, le buste légèrement basculé vers l’avant et les genoux pas trop pliés, juste assez pour bien serrer la machine en accélération et au freinage. Le petit carénage pour ne pas dire saute-vent protège peu, il faut s’accrocher à la machine et bien se pencher avant d’atteindre les 200 et quelque km/h en bout de ligne droite. La selle qui semblait un peu trop dure pour la route joue parfaitement son rôle sur la piste, grâce à sa forme et son maintien.
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| En piste, le pilote fait corps avec la moto, le buste légèrement basculé vers l’avant et les genoux pas trop pliés, juste assez pour bien serrer la machine en accélération et au freinage. (Photo: Photos Dan) |
Très réactive
Bestial sur la RSV4, le moteur V4 ne perd pas beaucoup de sa fougue sur la Tuono. Rempli à mi-régime, il pousse jusqu’à 8000 tr/min pour s’essouffler un peu avant le rupteur électronique. De quoi nous bousculer hors des virages sauvagement et accompagner d’une sonorité rauque bien présente. Les changements de rapport se font précisément et rapidement à l’aide de l’assistance électronique qui se montre mieux adaptée à la piste qu’à la route. La boîte de vitesse demeure perfectible, autrement dit virile et sonore. L’accélérateur « ride-by-wire » amélioré en 2012, ne génère plus d’à-coup gênant à la remise des gaz, ni de difficulté à doser sur l’angle.
Dans les « S » la Tuono se montre très réactive, voire même délinquante. Elle répond immédiatement aux ordres, mais demeure légère et facile à perturber. La faute à une position de pilotage relevée et une suspension arrière trop souple par rapport à la RSV4. En accélération, il faut faire gaffe de bien transférer son poids vers l’avant avant d’ouvrir grand les gaz, le train avant a tendance à s’envoyer en l’air. Heureusement, l’anticabrage du système APRC intervient et soulage légèrement l’accélérateur pour reposer le tout bien au sol.
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| Bestial sur la RSV4, le moteur V4 ne perd pas beaucoup de sa fougue sur la Tuono. Rempli à mi-régime, il pousse jusqu’à 8000 tr/min pour s’essouffler un peu avant le rupteur électronique. (Photo: Photos Dan) |
Communion et précision
Les suspensions adaptées pour la route travaillent de concert avec la rigidité longitudinale et la flexibilité latérale du cadre pour amortir les chocs. La Tuono V4 R APRC se comporte admirablement bien sur un bitume bosselé, même en pleine accélération où le contrôle de traction n’intervient que très rarement. Son train avant demeure précis et communicatif, on ne sent que quelques secousses du guidon pas très effrayantes. Légère à mener, elle se montre très efficace dans les enfilades serrées, mais moins dans les grands virages en appui où elle manque de stabilité comparée à sa sœur de course.
Le freinage, puissant et dosable fait des merveilles pour ralentir la moto rectiligne au bout du droit, mais sa grande puissance pourrait faire peur à un novice, surtout sur pavé humide. Bonne nouvelle, Aprilia offre pour 2014 outre le fameux système APRC, un système de freinage antiblocage, le même ABS réglable que la RSV4 R APRC ABS, rien de moins.
La Tuono propose un ensemble de performance difficile à battre dans le monde des standards sportives conçues pour la route. Elle se montre plus homogène à piloter que ses rivales directes et tout de même des plus redoutable sur circuit, grâce à une ergonomie parfaitement ciblée entre la piste et la route, une électronique sophistiquée et un moteur souple, efficace et facile à exploiter. Sans aucun doute la plus rapide standard sportive sur circuit que nous ayons eu la chance de piloter.
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| Légère à mener, elle se montre très efficace dans les enfilades serrées, mais moins dans les grands virages en appui où elle manque de stabilité comparée à sa sœur de course. (Photo: Photos Dan) |
Les +
- Partie cycle d’une superbike championne du monde
- Efficacité du moteur et de l’électronique
- Charisme indéniable
Les -
- Nerveuse et délinquante
- Boîte de vitesse virile à manipuler
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