Ducati 1199 Panigale R 2013 : essai

L’impressionnante 1199 Panigale passe de « S » (Sport) à « R » (Racing) et franchit une étape supplémentaire dans l’innovation technologique. Loin des traditions de la marque côté cadre et métallurgie, elle se présente comme l’une des motos les plus exceptionnelles de l’histoire du fabricant.

Si rien n’interdit de la laisser s’exprimer sur la route ouvertement, son univers demeure la piste et les championnats de superbike. Le verbe piloter prend ici toute son importance, comme le cheval de course, il faudra la comprendre, s’adapter et la dompter avant de claquer des temps satisfaisants sur circuit.


Un bicylindre agressif dans un cadre réglable
Le moteur de 1198 cc, à 8 soupapes et distribution desmodromique reçoit de nouvelles pièces internes en titane (-0,63 kg), un traitement DCL (Diamond Like Carbon) et une mise à jour du logiciel de l’ordinateur central. Le tout afin de permettre au moteur de s’exprimer plus vivement à haut régime. La puissance déclarée par le manufacturier est de 195 chevaux à 10 750 tr/min, avec un point d’intervention du limiteur à près de 12 000 tr/min. Un véritable record pour un moteur bicylindre en V. De plus, la 1199 Panigale R sort d’usine équipée d’une couronne secondaire à 2 dents de plus que la version standard, pour un rapport final plus court et mieux adapté au pilotage sur circuit.

Côté cycle, on retrouve le même cadre monocoque en alliage d’aluminium que le modèle standard, une solution dérivée des modèles de GP de la marque. L’innovation principale de la R réside sur un système qui permet de régler la position de l’axe du bras oscillant sur 4 hauteurs différentes (-4 à +2 mm) par rapport à la configuration standard. La « R » se targue également d’un ensemble de course composé d’un parebrise qui offre une meilleure protection, de bouchons d’emplacement de rétroviseur et d’un échappement Termignoni qui garantit une augmentation de puissance de 3% à haut régime et 15% à mi-régime.

La puissance déclarée par le manufacturier est de 195 chevaux à 10 750 tr/min, avec un point d’intervention du limiteur à près de 12 000 tr/min. (Photo: Philippe Champoux)

Digne d’une MotoGP
Pour le reste et non le moindre, la « R » dispose du même équipement que le modèle S :

• Suspension Öhlins NIX30 USD de 43 mm à l’avant et TTX36 pour l’arrière à réglage électronique
• Jantes légères Marchesini en alliage forgé
• Pirelli Diablo Supercorsa SP
• Freins Brembo à disques de 330 mm et étriers monoblocs Evo M50
• Antipatinage DTC et anticabrage
• Assistance de changement de vitesse électronique DQS
• Gestion du frein moteur EBC
• ABS réglable
• Mode de cartographie
• Système d’acquisition de données DDA+

Pour le reste et non le moindre, la « R » dispose du même équipement que le modèle S. (Photo: Philippe Champoux)

Aux commandes
L’accueil à bord se trouve parfaitement conçu pour l’attaque; demi-guidon bas et avancé, commande réglable, selle antidérapante perchée haut et repose-pieds reculés. Le tout pour placer la tête dans le parebrise et le poids du pilote sur le train avant.
Toujours aussi sonore, le bicylindre en mode « Race » émet une vocalise stridente et saccadée, comme une vraie machine de course. L’adrénaline semble déjà au comble, pourtant je n’ai même pas encore enclenché le premier rapport.

En piste on constate une Panigale R qui explose à la moindre rotation de l’accélérateur. Son système « ride-by-wire » se montre assez précis si on le compare à la production italienne actuelle. Mieux que la F4 et presque au niveau de la RSV4. Malgré l’empattement augmenté et une chasse plus longue, la 1199 Panigale plonge bien au point de corde et offre une excellente stabilité sur l’angle. Une superbe adéquation stabilité/agilité conçue pour rouler sur de rapides et beaux circuits comme celui du Mont-Tremblant.

Une chose est sûre, un circuit court et serré comme celui de l’ASM Motosport à St-Eustache demandera beaucoup plus d’effort, elle demeure très physique à inscrire et à exploiter en sortie de virage, et ce, surtout si la chaussée comporte quelques bosses. La Panigale se met alors à valser du train arrière tant et aussi longtemps que l’on ne relâche pas les gaz au bout de la ligne droite. Selon nous, un phénomène relié au manque de rigidité latérale au point d’attache du monobras oscillant. Le nouveau cadre d’aluminium semble moins bien gérer ce type de configuration par rapport à un cadre treillis d’acier de chrome molybdène comme disposait l’ancienne 1198 Superbike.

L’accueil à bord se trouve parfaitement conçu pour l’attaque; demi-guidon bas et avancé, commande réglable, selle antidérapante perchée haut et repose-pieds reculés. (Photo: Philippe Champoux)

Facile à piloter, mais difficile à exploiter au maximum
Malgré des performances de WSBK et une agaçante tendance à valser en pleine accélération, la nouvelle 1199 Panigale R demeure une sportive relativement facile à piloter lors d’une journée de roulage en piste (track day). Après seulement quelques minutes en selle, la confiance s’installe. Le train avant offre une précision typiquement italienne alors que la stabilité au freinage rassure le pilote qui doit gérer parfois la manœuvre à plus 200 km/h. Le train avant (frein, roue légère, fourche et géométrie) de la Panigale R figure parmi les meilleures de l’industrie.

On réussit à utiliser toute la puissance sans crainte grâce à l’électronique qui veille au grain. Pour une gestion optimale des performances, toutes les phases délicates du pilotage bénéficient désormais d’une assistance, qui se règle et se voit sur l’écran TFT. On ouvre trop grand ou trop tôt les gaz en sortie de virage? Le DTC gère la glisse et le cabrage. On rétrograde trop abruptement? Le système de contrôle de frein moteur EBC sauvera la mise. On freine un peu trop tard? L’ABS intelligent interviendra pour réduire le risque de chute. Mais n’allez pas croire qu’elle fera tout pour vous. Avec la Panigale R, le pilote se doit d’agir au doigt et à l’œil et s’assurer de bien la respecter, au risque de se faire mordre l’arrière-train. Car la « R » est tout simplement une fusée sur deux roues.

Vous pouvez choisir de laisser tout le travail à l’électronique ou de régler les différents aides selon votre expérience pour obtenir un minimum d’intrusion, ce qui vous fera progresser et devenir un pilote accompli. Le préalable indispensable pour exploiter la Ducati 1199 Panigale R dans ses derniers retranchements.

Malgré des performances de WSBK et une agaçante tendance à valser en pleine accélération, la nouvelle 1199 Panigale R demeure une sportive relativement facile à piloter. (Photo: Philippe Champoux)

Les +

• Le plus puissant bicylindre de l’histoire
• Équipement à faire rougir une MotoGP
• Précision et efficacité du train avant (frein, roue, fourche, géométrie)
• Une beauté à la finition exemplaire

Les -

• Physique à exploiter
• Mouvement à l’accélération