Samedi matin de bonne heure, levier de l’enrichisseur du carbu de gauche tiré, celui de droite aussi, je lance le moteur… qui démarre tout de suite. Je laisse tourner un peu avant de refermer les enrichisseurs et je m’élance pour aller prendre le copain Gilbert, qui a accepté un rôle de support pour la journée : passager de sidecar.
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La Ural offre tout de même beaucoup de place pour deux solides gaillards - pas surprenant si l'on se rappelle que l'ancêtre de cette machine servait de transport pour trois soldats équipés, ou de base pour mitrailleuse pour les armées allemande d'abord, puis russe. |
Je passe la première avec un bruyant « crac » mécanique indiquant que le rapport est bien enclenché, et doucement je m’élance. Virage à gauche bien appuyé sur le sidecar, je débraie, attendant que le moteur baisse un peu de régime avant de passer la deuxième. Dans l’attente, chaque cylindre me gratifie d’un retour de flamme, alors que je passe le deuxième rapport avec un autre « crac » signalétique. Au moins, attendre que le moteur ralentisse permet d’éliminer le miaulement des engrenages qui se frottent fort l’un contre l’autre. Je remet les gaz et le Gear-Up reprend paresseusement de la vitesse. Virage à droite et je fais passer la roue du sidecar (Gilbert n’y est pas encore assis) par-dessus le trottoir sans y toucher ; la journée s’annonce magnifique!
Après un premier essai d’importation infructueux d’une version canadienne en 2001 et 2002, les Ural, fabriqués en Russie, sont de nouveau disponibles, chez Euro-Moto de Laval pour ne pas les nommer. Quatre modèles, adaptés au marché américain (où on les retrouve depuis plusieurs années) donnent un choix de une ou deux roues motrices, à l’allure civile ou militaire selon votre goût. Notre machine, la « Gear UP, affichait des couleurs camos, présumément pour que les chasseurs ne puissent vous repérer dans la brousse – à moins que ce ne soit pour leurrer les Russes dans notre Arctique!
Groupe propulseur connu
Côté moteur, on retrouve un deux cylindres à plat de 749cc, qui respire via deux soupapes à tige poussoir par cylindre, refroidi à l’air, bon pour 40ch et 38pi-lb de couple. Selon un spécialiste d’expérience de la marque BMW, ce moteur aurait beaucoup d’affinité avec un moteur « /2 » des années 1950. Équipé d’un allumage électronique et de carburateurs Keihin modernes, la nouvelle incarnation de cette relique démarre à tout coup, et toujours sans histoire.
Les normes anti-pollution US imposent des réglages de carburation pauvres en essence, d’où les retours de flammes à froid avec lesquels on doit vivre. Par contre une autre caractéristique de la Ural qui date d’hier tourne à l’avantage pour celle-ci, car le fait que le moteur baisse lentement de régime trahit l’utilisation d’un volant d’inertie plutôt lourd qui accumule l’énergie et la rend lorsque l’on roule au ralenti dans la circulation, ou en montant des côtes, c’est-à-dire justement lorsque vous en avez le plus besoin. Quant aux accélérations léthargiques, l’adéquation de 40 ch alignés contre les 545 kg de la machine chargée (335 kg à sec, mes 100 et les 110 du copain Gilbert) donne des performances pour le moins relaxantes. Michael Schumacher a eu peur de se blesser au cou s’il revenait en F1, pas nous sur la Ural!
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Pas la plus simple des machines à première vue n'est-ce-pas. , La Ural est dans les faits une collection de composantes indépendantes rattachées sans vraiment faire attention à l'intégration élégante du tout. On visait la simplicité, la fiabilité, la facilité de remplacement de pièces, et un retour au front aussi rapide que possible. |