Une ambiance de course
En selle, perchée à 830 millimètres, toute l’ambiance des superbikes de Ducati se fait sentir : le grondement du moteur avec ses retours de feux enivrants, la traction offerte par le train arrière en sortie de virage, la précision sur l’angle et la rigidité quasi légendaire du cadre treillis.
En parlant de rigidité du cadre, pour ne pas dire extrême rigidité, la superbike Ducati est un cas à part dans la production actuelle, passionnante, mais exigeante à piloter. En piste, on a même l’impression qu’elle ne veut pas tourner. On a beau la forcer au guidon en contrebraquant ou en prenant une position fortement déhanchée vers l’intérieur du virage, rien à faire : elle n’obéit pas facilement, cette Duc.
D’autant plus que le frein moteur réduit pour améliorer le contrôle sur l’angle (la nouvelle cartographie conserve les papillons légèrement ouverts pendant la décélération) donne l’impression d’avoir enclenché le point mort par erreur en entrée de virage. Le pilote doit alors compenser le manque de frein moteur en conservant un peu de frein avant (trail braking) jusqu’à l’apex.
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Équipée pour faire pâlir certaines superbikes de 1000 cc, elle dispose des suspensions haut de gamme signées Showa et d’un frein à canalisation bridée de marque Brembo. (Photo: Filip Bertrand) |
Heureusement, le pilote profite d’un système de freinage ultra puissant et parfaitement dosable. Ce système est si efficace qu’il ne se contente pas de freiner l’élan de la 848EVO au bout d’une longue ligne droite; il incruste le pneu avant dans l’asphalte et soulève l’arrière de la machine, et ce, à l’aide d’un seul doigt.
Conçue pour pilote aguerri
La 848EVO ne supporte pas l’approximation, alors qu’il faut dessiner des trajectoires parfaites et savoir à l’avance où l’on compte aller. Si vous essayez de resserrer une trajectoire après une entrée un peu brouillon, vous risquez de vous faire peur. Plus physique qu’une 600, mais jamais comme une 1000, la 848 dispose d’un train avant incisif et précis qui autorise des passages rapides dans les «S».
On ne manque pas de sensation lors des gros freinages, alors que le train avant accepte de rentrer très fort en virage. Pour preuve, le pneu avant s’use très peu par rapport à l’arrière qui doit endurer le couple important du bicylindre.
La 848EVO porte bel et bien l’ADN Ducati. En pure sportive aux lignes tranchantes, elle montre son tempérament, comme une bête qu’il faut dompter. Comme toute Italienne, elle se mérite. Il faut prendre le temps de la comprendre et d’adapter son pilotage à son caractère.
Une fois les présentations faites, on fait corps avec la machine et on enfile les chronos comme jamais. Il est vrai qu’elle exige un certain niveau d’expérience pour rouler à bon rythme, mais n’est-ce pas là tout son charme. Elle ne peut plaire à tout le monde, mais une chose est sûre, elle lève la passion et ne laisse personne indifférent.
Pour
Moteur plein de couple d’une efficacité surprenante
Sonorité enivrante
Cadre incisif et précis
Sensation exclusive
Contre
Exigeante à exploiter