Jamais depuis l'Edsel un véhicule a-t-il été davantage critiqué par la presse automobile que le
Subaru Tribeca. Après son lancement en 2005, un journaliste américain est même allé jusqu'à comparer son devant à une partie de l'anatomie féminine qu'on ne risque jamais de voir offerte en option sur un véhicule. Certains le trouvent attirant tellement il est laid, alors que d'autres ne peuvent s'empêcher de dire qu'il ressemble à l'arrière-train d'un éléphant!
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Le faciès du Tribeca suscite la controverse depuis son lancement. |
En 2007, la physionomie proéminente du Tribeca a été rendue plus sobre par l'absence de chrome sur la calandre noire. En revanche, le nouveau modèle Édition Limitée, dévoilé au dernier
Salon de l'auto de Chicago, rejette toute notion de sobriété avec ses jantes en alliage chromées de 18 pouces et sa brillante calandre chromée. Essayez de comprendre quelque chose!
Baptisé d'après l'un des secteurs branchés de Manhattan (et le lieu où Robert DeNiro s'est fait connaître), le Tribeca affiche un design unique d'inspiration européenne. Dans l'univers de plus en plus achalandé des VUS et véhicules multisegments, il ne passe certainement pas incognito. La mention «B9» jadis accolée devant le nom Tribeca référait au moteur «boxer» (B) et au châssis (9).
L'extérieur est caractérisé par une ceinture de caisse élevée, des ailes élargies et musclées, des feux arrière horizontaux qui enveloppent les coins ainsi qu'une ligne de toit courbée. Beaucoup regardent le Tribeca avec un air d'incompréhension, le pointent mesquinement et s'exclament à haute voix: «Mon Dieu qu'il est laid!» Certes, il y en a quelques-uns qui le trouvent original, voire joli.
Le gros de l'attention est bien sûr attiré vers la calandre, dont la forme tente d'évoquer un avion vu de face. Plusieurs journalistes ont mentionné que ce design ressemblait à celui d'Alfa Romeo et ce n'est pas une coïncidence: le styliste en chef de Subaru, Andreas Zapatinas, a déjà travaillé pour cette compagnie. Toutefois, il soutient que la calandre du Tribeca est strictement inspirée de la tradition aéronautique de Subaru. Le plus drôle, c'est que Zapatinas a été embauché après que le design extérieur du Tribeca eut été complété. Il a cependant le mérite d'avoir dessiné le superbe et futuriste «bi-habitacle».
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Andreas Zapatinas, anciennement d'Alfa Romeo, est le designer responsable du look controversé du Tribeca. |
La console centrale en aluminium brossé divise l'habitacle en prenant la forme d'un «Y» qui s'intègre au tableau de bord et fuit en arc vers le haut des portières. Bien que radical et hors du commun, le tableau de bord demeure pratique et fonctionnel. Deux petits cadrans indiquant le niveau d'essence et la température du moteur encadrent les principaux instruments; leur rétro-éclairage est agréable et leur lecture, facile.
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L'habitacle du Tribeca est fort attrayant. |
Parlant du rétro-éclairage, ses multiples couleurs vives et claires sont fort jolies. En outre, les porte-gobelets et les puits pour les pieds sont subtilement éclairés le soir. L'écran d'affichage monté sur le bloc central inclut un ordinateur de bord qui calcule la
consommation d'essence -- un gadget utile étant donné que ce véhicule est plutôt assoiffé (consommation de 13,3 L/100 km en ville et 9,5 L/100 km sur l'autoroute). Dans l'ensemble, l'ambiance intérieure est sophistiquée, les matériaux étant de bonne qualité et agréables à l'oeil.
Le Tribeca est basé sur une version allongée (de 3 pouces) de la plate-forme de la Legacy, et ce, afin de pouvoir intégrer une troisième rangée de sièges en option. Et malgré son architecture de voiture, le Tribeca est un solide VUS de 4200 livres, mesurant plus de 15,5 pieds de long par 5,5 pieds de haut et pouvant remorquer des charges allant jusqu'à 1590 kilos (3 500 lbs). Le fait d'avoir remplacé la suspension arrière de la Legacy par un nouveau système à double bras triangulaire (spécifique au Tribeca) a considérablement augmenté le volume de chargement arrière.
Sous le capot, on retrouve le même moteur à six cylindres à plat de 3,0 litres développant 250 chevaux qui alimente la familiale Outback. Il est jumelé à une boîte automatique à cinq rapports avec mode manuel sans embrayage. La traction intégrale symétrique de Subaru et le système de répartition variable du couple (qui permet d'acheminer jusqu'à 55 % de la puissance aux roues arrière selon les conditions de route) influencent également la conduite. À noter que la garde au sol est de 8,4 pouces (213 mm).
Une posture large et un bas centre de gravité contribuent à créer une impression de solidité sur la route, particulièrement en virage. Les ressorts, amortisseurs et barres stabilisatrices ont tous été révisés cette année afin d'assurer un roulement plus doux et plus silencieux, même s'il demeure plus ferme que la moyenne. Au volant, on se sent en confiance, d'autant plus que lesdites barres stabilisatrices réduisent le roulis de caisse au minimum. Pour ce qui est du volant sport à trois bras, c'est le même que dans les autres Subaru.
La visibilité en conduite urbaine est excellente grâce aux gros rétroviseurs latéraux bien situés. Le museau du véhicule (ou devrais-je dire «le groin») est flanqué de deux phares à projecteurs offrant un très bon éclairage nocturne.
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C'est le même moteur à six cylindres à plat de 3,0 litres développant 250 chevaux qui alimente la familiale Outback. |
J'ai trouvé que les sièges étaient enveloppants et confortables; ceux à l'avant offrent même un support lombaire à réglage électrique. La deuxième rangée est également confortable, tandis que la troisième rangée optionnelle ne convient qu'à de jeunes enfants. Elle est difficile d'accès même quand les places de deuxième rangée sont glissées vers l'avant. Cela dit, elle peut facilement être rabattue sous le plancher pour créer plus d'espace de chargement (encore faut-il que la deuxième rangée soit légèrement avancée).
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Le Tribeca est disponible avec une troisième rangée de sièges. |
On retrouve par ailleurs d'innombrables commodités et touches de luxe. Soulignons le toit ouvrant électrique, les sièges avant chauffants à multiples réglages électriques, la chaîne audio de 100 watts à six haut-parleurs et lecteur CD intégré au tableau de bord, le climatiseur automatique bizone, le système d'entrée sans clé, les phares antibrouillard, les rétroviseurs chauffants, le dégivreur de lunette arrière, l'ouvre-porte de garage universel Homelink ainsi que la dizaine de porte-gobelets. Les versions supérieures ajoutent un système de mémoire de position pour le siège du conducteur, la radio satellite XM de même qu'un changeur de six CD. Notons que tous les Tribeca sont compatibles avec les fichiers MP3.
En termes de sécurité, Subaru a inclus un nouveau détecteur de capotage qui assure le déploiement des rideaux gonflables latéraux. Le dispositif d'assistance au freinage aide le conducteur à ralentir ou immobiliser le véhicule lorsque la pression appliquée sur la pédale ne suffit pas. D'autre part, le système de navigation des versions Limited est accompagné d'une caméra de marche arrière. Sinon, des capteurs de recul avec alerte sonore sont aussi disponibles.
Les propriétaires de véhicules Subaru sont très fidèles à leur marque; armez-vous de patience si vous espérez les faire changer d'idée. Ceux qui recherchent un utilitaire capable de transporter plusieurs personnes et bagages trouveront le gros Tribeca fort satisfaisant -- peu importe ce qu'en pensent ses détracteurs.
Habitacle confortable et bien conçu
Bonne maniabilité
Traction intégrale Subaru
Troisième rangée peu pratique
Consommation assez élevée