La saison 2009 de American Motorcyclist Association (AMA) retient énormément l'attention, mais pas toujours pour les bonnes raisons. En effet, les critiques dénoncent haut et fort la nouvelle administration, appuyée elle par NASCAR, et le désastre qu'elle aurait créé cette année. Preuve à l'appui : Suzuki domine encore la classe American Superbike (51 victoires consécutives après trois week-ends cette saison) hyper ennuyeuse. Par ailleurs, la classe Daytona Sportbike (anciennement « Xtreme ») réunissant les sportives à 4 cylindres de 600 cc est injustement dominée par les puissantes Buell 1125R. Plusieurs reprochent également le fait que les courses d'endurance GT1/GT2/Moto-GT du samedi après-midi n'intéressent pas beaucoup de monde. Idem pour la classe SuperSport 600 pour pilotes amateurs.
Bien que le faible nombre de coureurs, le manque de couverture télévisuelle en direct et quelques incidents regrettables (les lumières qui prennent feu lors de la Course Daytona 200) aient foutu la mer..., je crois qu'on peut interpréter le tout différemment.
En American Superbike, Mat Mladin et sa Suzuki Yoshimura continuent à écraser la concurrence. L'écurie travaille à la mise au point des superbikes aux États-Unis depuis 10 ans, tandis que Mladin demeure encore cette année le meilleur pilote de développement et le meilleur coureur en piste. Clairement, ils méritent de gagner.
Par contre, le débat politique n'allait pas se régler si facilement, car Suzuki s'opposait à la disparition de cette classe pour 2009, comme le voulait l'AMA. Et le tout se complique, car Suzuki est aussi le plus gros contributeur au succès de la série (Sponsoring de courses et de pilotes, fonds de points et bonus) en général et, donc, un partenaire essentiel pour l'AMA. En fin de course, l'année de gloire supplémentaire pour Suzuki, avant sa disparition en 2010, jette un baume qui semble satisfaire le fabricant. Pour ma part, je ne comprends pas pourquoi les autres fabricants continuent à se présenter course après course et à se faire varloper de la pire façon.
En Daytona Sportbike (qui deviendra la classe reine l'an prochain), une Buell 1125R a remporté trois des cinq courses disputées jusqu'ici en 2009, au grand dam des fabricants (japonais) de ces 600. Par contre, la nouvelle administration AMA a raison quand elle affirme que la présence de Harley en piste et, surtout, à l'avant du peloton, est cruciale pour augmenter le nombre de spectateurs dans les gradins, à la télé et sur Internet. Certes, l'AMA a peut-être mal bridé la Buell par rapport aux 600, mais parions que le tir sera corrigé d'ici la mi-saison.
Tenir plusieurs courses le samedi après-midi pour les classes d'endurance GT se révèle, à mon avis, une idée brillante. Avec des grilles bien remplies et plusieurs classes en action, sans parler d'un contrôle judicieux des coûts, ces courses apportent un spectacle de qualité le samedi. De plus, la course de Superbike qui clôture la journée attire plus de spectateurs pour toute la journée, ce qui se traduit par des revenus accrus pour les propriétaires de circuits et une meilleure visibilité pour les équipes et leurs commanditaires.
Étant donné le retrait probable de la classe American Superbike en 2010, il y aura plus de place pour une autre catégorie, soit la US Grand Prix Rider Union (USGPRU) ou la SuperSport 600 pour amateurs, deux classes intéressantes. Autre possibilité : on réduit le temps de pratique pour les pros et on laisse assez de temps pour ces deux classes d'amateurs le samedi. Dans un cas comme dans l'autre, ces pilotes seront négligés si jamais des problèmes météo surviennent et ils devront payer le gros prix juste pour être de la partie. Bref, ils sont peut-être mieux de rester en séries semi-pro ou amateurs.
Cette année, les nouveaux patrons de l'AMA ont peut-être voulu trop changer les choses, alors que, dans le passé, les fabricants menaient la barque à leur guise. Ils ont laissé tomber certains aspects (comme la survie de la classe American Superbike) en échange de diverses concessions et d'un plus grand nombre de changements en 2010. Le modèle NASCAR consiste à travailler avec les équipes, des entreprises indépendantes qui exigent de faire des profits, plutôt qu'avec les constructeurs qui se limitent à dépenser leur budget marketing.
Les gens de Daytona ont les poches bien garnies et ils savent comment promouvoir et exploiter avec succès une série de course, même confrontés au soutien de plus en plus faible des fabricants (comme on le voit ces temps-ci du côté de l'automobile). En plus d'avoir augmenté les bourses de plus de 50 % en cette année de ralentissement économique, ils préparent de plus une entente télé afin que les amateurs puissent voir des courses plus divertissantes - fini l'ennui mortel des épreuves dominées par Mat, Ben et Suzuki !
De mon point de vue, tout bouge dans la bonne direction.
Photos : Philippe Champoux
|
|
|