Il est 9h30, le plein fait et je m'élance pour une journée qui promet d'être intéressante. Pour une route qui est si bien connue, je vous assure que les indications sont discrètes; un panneau vert foncé, qui fait 12po par 36, pas plus, dissimulé dans la verdure environnante... je l'ai raté et j'ai dû faire demi-tour!
Le régulateur de vitesse à 75 km/h et c'est parti pour les prochains 380 milles (625 km). Contrairement à la veille, les courbes sont moins prononcées, aussi, je n'ai pas à déclencher le régulateur, ce qui me laisse amplement d'attention pour admirer le paysage. Principalement en sous-bois, la route traverse parfois des pâturages où on est de toute évidence à récolter le foin. Je surveille les bornes kilométriques... (milles) et je ne peux que conclure que ça va être long.
Des drôles de moineaux, ceux qui ont créé cette route des sommets. Interdite aux véhicules commerciaux, la 221 la suit souvent en parallèle. Elle a coûté cher à construire avec tous ses ouvrages presque artistiques, comme la multitude de tunnels par exemple, et onéreuse à entretenir, surtout les sections à flanc de montagne. De plus, aucun frais n'est imposé! Elle a été construite par des enthousiastes du transport automobile et ça se sent. Ce n'est pas au Québec qu'on ferait ça!
Soudain, je me fais dépasser par deux sportives. La première difficile à dire, alors qu'une Honda VFR la suit, facile à reconnaître avec ses échappements typés. Évidemment, je leur emboîte le pas. S'il y a des représentants de la Loi, bien nous serons trois. Mes deux « gorlos », conduisent à peu près "The Pace", mais à 100 km/h. La route prend alors une toute nouvelle dimension. Je les suis sans trop de difficulté sauf pour de légers louvoiements en virage, toujours aveugles, lorsqu'il faut corriger pour rester sur la route en sortie de virage. Après une longue analyse, je me rends compte qu'ils sont causés par le pilote, car en serrant la base du réservoir avec mes cuisses, le problème disparaît. Je n'utilise que le quatrième rapport qui me donne tout le couple nécessaire pour suivre.
Les gars roulent bien... en fait, de la même façon que moi; freinage avant la courbe et retour sur l'accélérateur en entrant, un style plus facile et surtout plus sécuritaire lorsque l'on ne connaît pas la route et qu'il est impossible de voir plus de 50m devant soi. De plus, les courbes se prennent côté accotement plutôt que médiane, en effet, les Winnebagos ont tendance à traverser la médiane en virage... et comme on ne voit que 50m en avant au plus, on évite ainsi des surprises désagréables.
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